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Le lynx : ce grand chat mal-aimé


Un jeune lynx attend à l’entrée de son terrier pendant que ses frères et sœurs se font tester pour par des biologistes pour vérifier qu’ils soient en bonne santé.

« Trop de lynx en Suisse ! », « On ne voit plus de chevreuils à cause du lynx !», « Le lynx est un redoutable tueur !».

Le lynx et sa place dans notre pays ont suscité la polémique à maintes reprises au fil des ans. A y regarder de plus près, le débat semble se dérouler le plus souvent sur la base d’information erronées et peu scientifiques.

Retour sur quelques idées reçues en la matière : Aux 18ème et 19ème siècles, la faune helvétique connut d’importants bouleversements. Les lynx, de même que les ongulés sauvages tels le cerf, le chevreuil, le bouquetin et le sanglier furent exterminés. Il en fut de même du loup, de l’ours et du gypaète barbu, l’un des plus grands rapaces de nos régions. Le paysage suisse était donc considérablement appauvri.

La forêt, principal habitat de la faune sauvage, joue un rôle écologique important dans la prévention de désastres naturels. Elle est, par exemple, une protection naturelle contre les avalanches et les éboulements. A la fin du 19ème siècle, et suites à d’importantes catastrophes naturelles, la Suisse a progressivement pris conscience de l'importance de la forêt et de sa faune. Un effort de préservation et de re-naturalisation des espaces forestiers vit alors le jour.

Les forêts se rétablirent progressivement et les conditions écologiques redevinrent favorables au retour de la faune sauvage. En 1970, la Confédération s’exprima en faveur d’une réintroduction du lynx. Entre 1970 et 1976, 12 lynx provenant des Carpates, une région montagneuse d’Europe centrale, furent légalement relâchés dans les Alpes. Plusieurs individus furent également introduits dans le Jura suisse par la suite. Si tous ces animaux n’ont pas survécu, la réintroduction de quelques individus a néanmoins permis à des populations de lynx de s’établir progressivement dans les Alpes et le Jura. Le lynx, on le sait, est un animal solitaire au besoin territorial important. Une fois établi, un individu a besoin de place pour chasser et se reproduire. En Suisse, les obstacles majeurs à l’expansion territoriale du lynx sont les routes et les chemins de fers qui sillonnent notre pays de toutes parts.

En 1980, un suivi systématique des lynx en Suisse fut initié par des biologistes mandatés par l’office fédéral de l’environnement et les cantons Suisses. Ce suivi ne se poursuit pas seulement par intérêt scientifique mais aussi à cause d’une nécessite légale. Ce programme scientifique se poursuit aujourd’hui à l’aide d’un système de ‘capture d’images photographique’ (pièges photos) ainsi que sur la base de relevés de traces d’empreintes, de captures de lynx et de télémétrie.

Mesure de rythme cardiaque d'un jeune lynx.

La capture d’images photographiques est la méthode préférée des scientifiques (biologistes, gardes-faune etc.) car elle ne nécessite pas d’intervention directe sur les bêtes. De plus, ce système permet l’identification individuelle de chaque lynx par le tacheté unique de leur pelage.

Cela permet aux biologistes de compter les lynx de manière précise en utilisant les photos obtenues par les pièges et en appliquant des méthodes statistiques. Un suivi systématique permet également de voir comment la population évolue au cours des années. Quelques lynx sont aussi capturés afin de faire des prélèvements sanguins pour des études génétiques et pour savoir si les populations sont saines. Chaque animal capturé est aussi soumis à une série de tests pour s’assurer qu’il est en bonne santé. Quelques-uns des lynx capturés ont été équipés de colliers GPS afin de pouvoir suivre leurs déplacements et mieux comprendre leur écologie.

Une mère patiente qui attend que les biologistes finissent leur travail qui consiste à peser les jeunes lynx, vérifier qu’ils n’ont pas de parasites, etc.

Quant aux brèves de comptoirs, on entend souvent qu’il y a " trop de lynx en Suisse". Mais qu’en est-il vraiment? Sur la base des données recueillies, la population de lynx en Suisse estimée en 2013 est d’environ 170 individus répartis sur un territoire national de quelques 41 000 kilomètres carrés.

De par la forte densité de population de notre pays, à quoi s’ajoute un réseau routier et ferroviaire dense, la proximité entre la faune sauvage de Suisse et ses habitants n’en est que plus importante. A cet égard, les éleveurs de moutons voient le lynx comme un problème dont ils se passeraient volontiers. Précisons que l’élevage de moutons en Suisse connaît des heures difficiles n’étant pas une activité économiquement essentielle de notre pays. Cette dernière survit principalement grâce à des subventions visant à endiguer la progression des forêts sur les alpages où les vaches se font également de plus en plus rares.

Le mouton n’en demeure pas moins une proie potentielle du lynx. Mais pour chaque animal tué par le félin helvétique, une compensation est versée à l’éleveur. Précisons en outre que le nombre de moutons ou de chèvres tués chaque année par des chiens ou dans des accidents routiers excède de beaucoup le nombre de morts causées par le lynx. Pour les chasseurs suisses, en revanche, le lynx est perçu comme un redoutable adversaire à la chasse des ongulés sauvages de nos forêts. Si le lynx chasse par nécessité, reconnaissons que les motivations des chasseurs sont autres. Mais qu’en est-il de l’impact des lynx sur les populations de chevreuils?

 

Voyons ci-dessous quelques chiffres :

Mortalité annuelle des chevreuils en Suisse :

  • Les 170 lynx (est.) tuent environ 7 000 chevreuils chaque année.

  • Les accidents routiers causent la mort d’environ 20 000 chevreuils chaque année.

  • En 2014 40 356 chevreuils one été tués par les chasseurs (« Statistique fédérale de la chasse »)

En résumé : environ 7 000 chevreuils tués chaque année par les lynx contre plus de 60 000 par les hommes.

 

Je vous invite également à considérer le fait que beaucoup d’entre vous sont fascinés par les grands carnivores et voyagent en Asie et en Afrique pour voir le lion, le tigre et le léopard. Ces grands félins partagent leurs terres avec d’autres humains. Bien que ce partage ne soit souvent pas facile, il doit être envisageable que nous, habitants d’un pays aussi développé que l’est le nôtre, puissions aussi vivre côte à côte avec un félin qui n’a pas vraiment la même taille qu’un tigre.

Jeune lynx

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